NATURE ET CULTURE DANS LES PAYS DU GOLFE

Publié le par jerôme B

Mardi 27 mai 2008. Dans son supplément économique, Le Monde publie cette photo à la Une.

        PHOTO KARIM SAHIB / AFP
L'article analyse les conséquences économiques de la manne financière retombant sur les pays de la péninsule Arabique à la suite de l'envolée des cours du pétrole. 11 colonnes pleines pages et pas moins de 3 photos supplémentaires et quelques graphiques (langage que Le Monde affectionne tout particulièrement ces derniers temps). Rien, pourtant, qui surpasse la photo saisissante de Karim Sahib.
Au pied du décor copié collé d'une cité futuriste tout droit sortie des rêves numérisés de Lucas ou Besson, s'est posée une caravane: chameaux et bédouins stationnent tranquillement sous un soleil matinal.
Formidable confrontation que celle jaillissant de ce cliché ! La déclinaison vertigineuse de l'opposition nature / culture nous étourdit soudain et nous convoque inéluctablement au choix de civilisation.
En arrière plan, la ligne des gratte-ciel, c'est celle qu'écrit l'esprit humain, la mise en oeuvre de son art, l'affirmation orgueilleuse de sa domination sur la nature. On imagine volontiers que cette cité est en devenir, qu'elle va s'élargir, avancer sur le désert, le coloniser, fruit des profits financiers et du travail industrieux de toute une société . La ligne y supplante la couleur, uniformément grise. Le caractère hiératique, figé, banit tout mouvement.
Au premier plan, voici le désordre de la caravane, sa vie, où voisinent paisiblement les hommes et les animaux, et l'on sent bien qu'ici, l'immobilité est celle de la pause que s'accordent les nomades en voyage. L'étoffe colorée, souple et plissée, fait face au métal et au verre. La tradition, cheminant depuis un passé lointain, s'affirme sans ostentation. Et avec elle, un sentiment d'authenticité, la simplicité, la pauvreté. Le commerce aussi, que l'on s'imagine -même si ce n'est pas vrai- de l'ordre de l'échange et du troc et si loin de l'argent...
Le choix disais-je... Chacun ses tropismes. Où se situent ici l'âge d'or ? La dégénérescence ? L'innocence ? Le mal ? Le paradis (perdu ou à venir) ? L'enfer (moderne ou passé) ? La société patiarcale ou tribale ? La société anonyme ?
Chaque pôle porte ses bienfaits et ses maux. Et c'est bien cette dualité qui partage l'humain depuis toujours.


Publié dans LES IMAGES DU "MONDE"

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